Que seraient nos régions de montagne sans forêts de protection?

Une zone inhabitable frappée par des avalanches et des éboulements.
Le projet «Forêt de montagne» est en pleine phase de développement alors que la pandémie fait rage.

Jamais les demandes de bénévolat au profit de la forêt suisse n’ont été aussi nombreuses qu’au cours de l’année 2020, marquée par la pandémie. «Il n’est plus si simple de partir en vacances en Thaïlande», constate Martin Kreiliger en souriant. Le responsable du projet «Forêt de montagne» ne tarde pas à reprendre son sérieux. Il organise chaque année avec son équipe des missions de bénévolat dans les forêts de protection des Alpes suisses. «Au début du projet, nous nous sommes posé beaucoup de questions notamment sur la planification et l’élaboration des concepts de protection.»

Après avoir étudié la faisabilité des projets de bénévolat, nous avons assisté à un afflux de demandes: «En juillet, nous avons presque été submergés», explique Martin Kreiliger. La plupart des Suisses sont restés dans leur pays pour les vacances. De plus, la pandémie et le confinement ont rapproché beaucoup de gens de la nature. «Nous avons le sentiment que les gens se posent beaucoup de questions. Et les gens qui se sont manifestés auprès de nous étaient beaucoup plus jeunes que d’habitude.»

Des personnes qui se seraient sans doute prélassées sur les plages de la Méditerrannée se sont retroussées les manches à la lisière d’une forêt dans le canton de Glaris ou en Valais. Au lieu d’un hôtel confortable avec pension complète, les bénévoles ont dû se contenter d’un repas et d’un lit dans un dortoir d’un gîte alpin.

Grâce à USZIT participe au Projet de forêt de montagne dans le Lütschental!

Cinq centimes par canette de bière USZIT vendue sont versés en faveur de la forêt suisse. Cette somme permet également de soutenir en particulier certaines semaines du projet «Forêt de montagne», notamment celle du 6 au 12 juin ainsi que celle du 13 au 19 juin à Lütschental dans l’Oberland bernois. Le projet est ouvert aux participants de 18 à 88 ans et aucune connaissance sur le monde de la sylviculture n’est requise. Les bénévoles travaillent en groupes de 6 à 20 personnes sous la direction de professionnels.

Inscris-toi pour le Projet de montagne du Lütschental

Protéger et être protégé

L’homme protège la forêt. La plupart d’entre nous adhèrent sans doute à cette affirmation. Les idées divergent tout au plus sur l’étendue de cette protection. Mais on oublie trop souvent que l’inverse est également vrai.

La forêt protège les hommes

Martin Kreiliger est responsable du Projet «Forêt en montagne». L’organisation est basée à Trin dans les Grisons et son responsable vit à Disentis à une heure de train de là. «Imaginez ce qui se serait passé entre ces localités durant cet hiver enneigé s’il n’y avait pas eu de forêt protectrice», évoque-t-il. «Des avalanches auraient touché et enseveli des routes et des voies ferrées. Sans leur protection, il faudrait fermer toute la vallée». CQFD : La forêt protège les hommes.

Responsable des relations publiques pour le projet, Dunja L. Meyer complète la déclaration de Martin Kreiliger : «Lorsque j’ai participé pour la première fois à l’un de nos engagements bénévoles, c’était à Curaglia, sur le Lukmanier. J’étais dans la forêt protectrice et j’ai regardé vers le bas. Là,  j’ai vu que la route du col passait juste en dessous et j’ai pris conscience de la fonction protectrice de la forêt.» Dans le canton des Grisons, les statistiques montrent qu’un bâtiment sur deux est protégé par une forêt de montagne. Cette proportion devrait être similaire dans toutes les régions de montagne.

Au-delà du simple nettoyage

«La plupart du temps bénévolat en forêt rime simplement avec nettoyage», constate Martin Kreiliger lorsqu’il évoque le fonctionnement de son Projet «Forêt de montagne». «Cette tâche reste importante mais nous prenons surtout soin de l’écosystème. Toujours avec l’aide d’un spécialiste. Nous effectuons des travaux importants et ambitieux.»

Avec une honnêteté désarmante, Martin Kreiliger explique: «Nous partons tout d’abord du principe que la forêt peut exister indépendamment de l’homme». Une forêt dite protectrice l’est pour l’être humain, avec ses grands arbres qui nous protègent des avalanches et des éboulements. Le Projet «Forêts de montagne» s’envisage comme «accompagnant». Car le climat en fait voir de toutes les couleurs à la forêt. L’été 2018 a été historiquement sec. Et février 2021, la limite du zéro degré est parfois remontée jusqu’à 3000 mètres d’altitude, alors qu’on était encore en plein coeur de l’hiver. Une situation inédite à laquelle les arbres du dû s’adapter.

Les semaines de bénévolat sont d’une grande diversité, en fonction des situations, des lieux et des missions. Mais elles commencent toujours dimanche. La journée type peut se résumer ainsi: à 6h30, petit-déjeuner, puis à partir de 7h, direction la forêt. Vers 17h, retour au gîte, pour le souper et éventuellement un moment de détente accompagné d’une bière. «Les bénévoles effectuent en réalité le travail d’un garde-forestier, tout en étant encadrés bien sûr», explique Michael Kreiliger, lui-même ingénieur forestier. Cela signifie par exemple qu’ils vont abattre des arbres: «Ce sont des journées éprouvantes». Il faut pouvoir supporter le manque d’intimité au cours de la semaine de mission. Mais si l’on veut se rendre utile pendant une semaine et si on supporte la vie en dortoir ou sous la tente, alors on est à la bonne adresse. Autre condition indispensable: avoir de bonnes chaussures de montagne!

Lors de l’achat d’une canette de bière, 5 centimes iront à la protection de la forêt suisse.

En savoir plus

Un coin méconnu d’une célèbre région

En juin, le projet «Forêt de montagne» sera déployé pendant deux semaines à Lütschental. «Beaucoup de boulot nous attend là-bas», explique Michael Kreiliger.

La vallée de la Lütschine relie Grindelwald à la région de Lauterbrunnen et se situe à 10 km à vol d’oiseau de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau.

Dans cet environnement en apparence très touristique, beaucoup de travail reste à faire. «Autrefois, on y élevait des chèvres dans les hauteurs et on y coupait du petit bois». Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, mais la forêt doit tout de même être protégée. Plus haut, le terrain est rocailleux. «De plus, la zone est ensoleillée et le sol se met rapidement en mouvement». La vallée étant étroite, des éboulements couperaient le chemin le plus direct entre Grindelwald et les localités plus importantes. Autre curiosité: dans cette région de l’Oberland bernois, on trouve des reptiles (lézards et serpents) et des orchidées. Une région de toute évidence digne d’être protégée.